jeudi 7 mai 2009

A Paris en plein après-midi

Hier vers 16 heures en plein boulevard. Je sens une présence insistante derrière moi puis j'entends siffler. Comme on siffle un chien, ou une chienne dans ces cas-là. Avant de quitter la France et depuis mon retour c'est devenu quasi quotidien. Sifflement, tonitruants saaaalooope, suceuse de bite (dont une fois juste devant Garnier avant une représentation, ça a l'air bon ça et où tu vas comme ça que je vienne avec toi, et j'en passe.
C'est insuportable de savoir que dès que je sors je me risque presque quotidiennement à ces insultes.
Et hier, c'est allé encore plus loin. Sifflements donc puis conversation entre mes suiveurs:
"-T'as vu ça comme c'est joli? J'en prendrai bien un morceau moi!
-Ah ouais!
-Et tu vas où comme ça ma belle?
-Tu viens d'où et où tu vas?
-..."

Pendant ce temps ils ont commencé à m'encercler.
J'allai prendre le métro. Il n'était pas loin mais j'avais encore quelques pas à faire.
Je me suis d'abord sentie complètement paralysée et je me suis dit que ma self-défense ne pourra pas me servir en cas de nécessité car incapable de quoi que ce soit à cause de la peur. Puis, quand ils ont vraiment commencé à m'entourer j'ai senti que la peur s'effaçait et je me suis sentie prête à leur fracasser la gueule.
Heureusement j'étais au téléphone. J'ai eu le répondeur mais je pense que le fait de me voir commencer à parler (peuvent pas savoir que c'est la messagerie et pas le correspondant) les a fait reculer un peu. Puis je me suis engouffrée dans la bouche du métro et comme il y avait du monde c'était moins facile pour eux de rester grouper autour de moi. Je ne les ai pas retrouvé dans le métro. Tant mieux. Mais je pense à celles qui ont précédé et qui suivront.

Aujourd'hui j'ai peur d'aller dehors. Quand je sors, j'ai toujours un sifflet, un déo en spray pour aveugler d'éventuels agresseurs et surtout, surtout des préservatifs. Certains violeurs acceptent d'en mettre pour éviter l'indentification par le sperme.
Mais là, ils étaient 4. Je vais peut-être en aveugler 1 avec mon spray mais les autres?

Ca fait déjà quelques mois que je songe à quitter la France. Définitivement cette fois.
L'épisode d'hier me pousse à partir le plus rapidement possible. Je sais que tout n'est pas parfait ailleurs et que oui, des viols il y en a partout. Mais ce n'est pas encore partout où on est insultée et menacée à coup sûr chaque fois qu'on sors seule juste parce qu'on a un vagin. Pour avoir pu sortir sans peur pendant près de 6 ans avant de revenir à Macholand, je peux dire que ça change la vie. Là-bas, j'étais une humaine. Ici, je suis une femme donc avec trous à fourrer. Là est toute la différence.
Je fais tout pour partir donc. Et oui, ce sera un exil sexiste.

2 commentaires:

Thé Citron a dit…

Ce récit fait mal au coeur...

Partir à l'étranger, pourquoi pas!
Mais sache qu'en France, en Province OUI, les hommes ne se comportent pas de la sorte. Oui, y a quelques boulets but that's all... Penses-y également...


Bisous.

Alice a dit…

Je pense en effet que ça dépend beaucoup des villes.
Mais il n'y pas que ça. Y'a le monde du travail aussi et ça, c'est national.