dimanche 24 janvier 2010

Identité nationale

Vous n'avez sans doute pas échappé à cette info: la volonté de création d'un Ministère de l'identité nationale autour d'un débat sur l'identité nationale.

Perso, je n'ai aucune idée de ce qu'est l'identité nationale. En effet, l'identité représente le caractère unique d'un individu. L'identité nationale reflèterait donc le caractère unique d'une nation. Mais est-ce qu'une nation a un caractère unique?
On pourrait penser qu'une des composante de l'identité nationale francaise est la pratique de la langue francaise. Mais dans ce cas, les belges, suisses et suissesses, québécquois et québécquoises ainsi que les ressortissants de nombreux pays africains sont dons aussi francais et pourraient donc réclamer leur nationalité francaise?

L'identité francaise pourrait aussi être le fait de vivre en France afin d'être imprégné-e de la facon de vivre à la francaise. Mais alors qu'advient-il des francais-es vivant à l'étranger?

On pourrait aussi parler de la culture francaise. Mais qu'est-elle? Tous et toutes francais-es seraient donc chrétien à cause de l'Histoire chrétienne du pays? Ou achèterait une baguette tous les jours? Ou boirait du vin à chaque repas? Ou mangerait de la poule au pot le dimanche? Or certains francais sont juifs, musulmans, boudhistes, hindouistes, athées. Faut-il leur retirer leur nationalité? Faut-il en revanche donner la nationalité francaise à tous les chrétiens de la terre?
Certain-es francais-es sont allergiques au gluten. Dans ce cas je doute fort qu'els achètent une baguette tous les jours, en tout cas pas en boulangerie traditionnelle.
D'autres sont végétariens alors la poule au pot repassera.
Est-ce grave?
Les non chrétiens doivent-els être l'objet d'un ultimatum: convertissez-vous à la chrétienté ou on vous retire votre nationalité?

On pourrait aussi concevoir le fait qu'être francais-e c'est être le possesseur ou la possesseure d'une carte d'identité ou d'un passeport francais. Mais que nenni! Certaines personnes ont du mal à renouveler leur carte d'identité précisément parce que celle qui va être périmée bientôt ne fait pas foi de leur nationalité et elles doivent donc prouver qu'elles sont bien francaises.

J'ai lu l'avis de certains. Il parait qu'être francais c'est de travailler et d'être honnête. J'en conclut donc que sur plus de 6 milliards d'habitant-es que compte la terre seuls 60 millions d'individus travaillent et sont honnêtes. De quoi faire plaisir au plus de 5,5 milliards restants. Les petites mains chinoises, indiennes, bangladis, etc peuvent-elles prétendre à obtenir la nationalité francaise alors avec leur 12 à 15h de labeur quotidien?

On pourrait continuer ainsi indéfiniment.

Pour ma part, je ne sais toujours pas ce que c'est que d'être francaise. Je me qualifie d'ailleurs volontiers de francophone mais rarement de francaise sauf quand on me demande ma nationalité. Il en faut bien une pour étiquetter les individus. Je ne suis pas le clone de mon voisin de palier francais. Chaque personne est différente, à l'intérieur même d'un pays. Sans compter que la France possède différentes régions, villes, communes, lieu-dits. Si je suis ardéchoise, suis-je la même francaise que si je suis héraultaise?

Ce débat n'a par conséquent aucun sens pour moi. Si tel est le cas pour vous, je vous invite, si ce n'est déjà fait, à signer le manifeste pour la suppression du ministère de l'identité nationale.

Cette question d'identité nationale me pousse à établir une comparaison avec un de mes précédents billets sur la Russie et sa politique nataliste. J'apprends aussi que la Corée du Sud incite ses fonctionnaires à procréer ICI.
Si on accepte l'idée d'une humanité sans notion de race, pourquoi tant d'importance accordée à l'identité nationale, à la natalité de la nation. Si tous les humains sont égaux, pourquoi est-ce si important de préserver le taux de natalité d'un pays défini alors que la tendance mondiale est à la surpopulation avec tous les problèmes que cela engendre?
Pour ma part, un être humain est un être humain. Je me fiche pas mal de sa nationalité, de sa couleur de peau, de son sexe. Une naissance en vaut une autre et quand je constate que ce n'est pas ce que tout le monde pense loin de là, la preuve par ces lois natalistes nationalistes, je me demande qu'est-ce que je fais dans ce monde.

5 commentaires:

Emelire a dit…

moi aussi je n'aime pas ce débat car il est très masculin, comme toujours les femmes n'ont pas vraiment voix au chapitre, les journaux titrent bien sur "Français" et jamais FrançaisE avec. De plus, ça crée une mauvaise manière de débattre, en effet cela fait monter aussi les détracteurs, et parler de son identité devient péjoratif, ça fait 'extrême droite' alors qu'en réalité, les gens tiennent à leurs origines (et tout d'abord leurs origines REGIONALES !) ce qui n'est pas forcément péjoratif, ensuite, les immigrés ont aussi leurs attaches avec leurs pays d'origine (réelles ou fantasmées) et ça c'est humain, je veux dire il faut bien 'appartenir' à quelque chose, ou se sentir 'de quelque part'. Regarde nous le plaisir qu'on a à se retrouver entre féministe, à avoir un lien là, une racine. Pour moi ça n'est pas forcément mauvais. Donc je vois ce débat qui devient comme des gamins dans une cour de récré et ... ce sont les gens ordinaires qui en font les frais finalement.

Alice a dit…

Tout à fait d'accord avec ce que tu dis!

Stéphanie a dit…

Ça me rappelle un de mes premiers cours de droit pendant ma première et seule année à la fac de droit. On nous expliquait que la notion de nation, à la française, selon Ernest Renan, c'était le "vouloir vivre ensemble" (à l'opposition de la nation à l'allemande, regroupement d'une culture, langue, etc., communes. Ce qui expliquait à mon esprit que les Turcs allemands n'aient pas la nationalité alors qu'on pouvait obtenir la nationalité française). Bref, pour moi, ce débat est une négation de nos valeurs françaises de base. Et je dis "nos"... alors que je ne sais pas si je suis française, selon ce débat. Ma foi, je suis née de parents libanais, j'ai été élevée dans la culture orientale, je ne suis pas "française" de culture. Bien sûr, je connais les classiques, j'ai été à l'école française... mais enfin, apparemment, ça ne suffit pas, puisque d'autres, qui sont au même point que moi, se font arrêter dans leur collège ou lycée et reconduire dans "leur" pays. Bref. Je m'égare.

Ce que ce débat m'inspire principalement, c'est que la nation... ça date du 19è, c'est périmé. Pour se tourner vers l'avenir, une seule notion : l'Union européenne. Et les hommes politiques n'ont toujours pas compris ça. Aucune leçon del 'histoire. Tu m'étonnes que personne ne vote aux européennes... Bref. Si on doit se poser des questions sur une identité territoriale, qu'on s'interroge sur l'identité européenne. Le reste... fadaises. Et ça m'énerve tiens.

June Prune a dit…

j'ai refusé ce débat depuis qu'il existe, mais je regarde, lis, écoute ce qui se dit par ci par là... et bien je dois dire que ton article est très proche de ce que je pense !

Alice a dit…

Stéphanie, si on suit la logique de ce débat je me demande qui est francais-e. Même moi qui suis francaise née en France de parents, grands-parents, arriére, arrière arrière et encore arrière arrière arrière sur des génerations francais-es et né-e-s en France je sais pas si beaucoup de francais on des origines francaises qui remontent aussi loin que les miennes) on m'a demandé une autorisation d'entrée de territoire quand je suis revenue du Danemark. Alors bon...
je suis entiérement d'accord quand tu dis que c'est une négation de nos valeurs. C'est une négation de la France elle-même. Quelle ironie!

June Prune, au milieu de tout ca et de ce qu'on entend, ca fait plaisir de voir que je ne suis pas seule sur mon île déserte. Merci!