mercredi 18 mars 2009

Déjà 30 ans

30 ans après l'adoption de la convention de l'ONU sur l'élimination de toutes les formes de discriminations contre les femmes (CEDAW: http://www.un.org/womenwatch/daw/cedaw/text/fconvention.htm), la LFID (Ligue des Femmes Iraniennes pour la Démocratie) voulait mettre en parallèle les 30 ans de République Islamique iranienne qui légalise les discriminations contre les femmes.

Les 3 intervenantes de cette rencontre qui a eu lieu hier soir ont dressé un constat éloquent quant à la situation des femmes en Iran et dans le monde.
Il s'agissait de Nicole Savy (Ligue des droits de l'Homme), Malka Marcovich (historienne et écrivaine) et Mahnaz Shirali (écrivaine et sociologue).
Nous avons notamment eu des explications sur comment des propositions de textes et de résolutions peuvent avoir des effets pervers et aller tout droit aux dérives les plus graves. Comme des résolutions contre l'intolérance à l'égard des religions. Cela semble très louable et souhaitable. Pourtant, une fois appliquées, ces résolutions hissent la religion au-dessus des lois. Les intégristes sont donc libres d'agir à leur guise.
Autre exemple: le Président Khatami a déclaré le programme du 21eme siècle en faisant de l'année 2001 l'année pour le dialogue des civilisations. Qui peut, ojectivement, être contre le dialogue des civilisations? On sait pourtant, dans les faits, que tout ceci va servir à justifier l'injustifiable sous couvert de culture et de tradition. Doit-on rappeler que la lapidation est toujours légale en Iran?

La rencontre était passionnante et enrichissante et m'a permis de mieux comprendre la situation en Iran, l'instrumentalisation à outrance des femmes pour justifier leur domination.
Et comme le répète la LFID, la lutte pour les droits des femmes est une lutte internationale. Toutes les femmes sont menacées quand un pays adopte des lois discriminatoires (une femme "vaut" la moitié d'un homme, elles n'ont pas le droit de témoigner, aucun droit sur leur enfant, etc.).
En écrasant les femmes, donc la moitié de la société, on facilite l'assise du pouvoir. C'est donc en luttant pour les droits des femmes partout dans le monde que l'on pourra espérer venir à bout de toutes les formes d'oppression.

J'ajouterai une impression personnelle et partagée par au moins 2 autres personnes dans la salle: ce terme de "droits de l'Homme" est insupportable. Dans les autres langues, il est naturellement question de droits de l'Humain.
C'était d'autant plus révoltant pour parler d'un pays qui attribue à l'homme le droit de gérer la vie de sa femme, le droit de la battre. Et l'Iran n'est pas le seul pays dans ce cas!
Dans de trop nombreux pays il est toujours du droit de l'homme de battre, violer, vendre sa femme, ses enfants, décider de leur vie ou de leur mort (180 millions de femmes manquantes en Asie dû au sélection de foetus et aux infanticides de filles).
A noter que la représentante de la LDH n'a pas trouvé grand chose à redire. Ca parle tellement tout seul. La langue française n'est pas une langue morte que je sache. Par conséquent elle évolue et il serait temps qu'elle prenne en compte le fait qu'un homme sur 2 est une femme (sauf en Asie...).

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