Lu sur Rue 89: le Président Karzaï légalise le viol entre époux par une loi qui interdit aux femmes mariées de refuser tout acte sexuel à leur mari et leur interdit de sortir seule sans l'autorisation de celui-ci.
Tout cela tandis qu'au mexique il vaut mieux violer 4 femmes que voler 1 vache.
Violer une femme, la maintenir en servitude, la tuer? Pas bien, mais pas grave. Voler une vache? Nettement plus risqué.
Dans les Etats du Tamaulipas et du Michoacán, au Mexique, tuer une femme est passible de trois ans de prison, mais voler du bétail peut vous valoir douze à treize ans, révèle le Courrier international citant Pablo Navarrete, de l’Institut national des femmes.
Dans vingt Etats du pays, un homme qui enlève une femme, en abuse sexuellement ou la maintient en captivité est exonéré de toute responsabilité s’il accepte de se marier avec sa victime, précise par ailleurs le quotidien mexicain.
A noter qu'en Turquie aussi, le violeur échappe à la justice s'il épouse sa victime.
Et chez nous? Est-ce que c'est mieux? Avec seulement 1 viol sur 5 faisant office d'une plainte, un chiffre de 50.000 viols annuels, des condamnations rarissimes et surtout en-deça de ce que la loi prévoit,franchement je me le demande.
Alors quand je vois toute cette actualité, non, je ne peux pas accepter qu'un rappeur, sous prétexte de liberté d'expression, fasse l'apologie de tels crimes. Parce que entendre ces paroles en concert signifie que des institutions et des organismes culturels ne trouvent rien à redire. En tant que victime, c'est abominable. En effet, comment réagir face à un juriste qui vous livre comme une évidence qu'on "ne va pas aux Assises pour ça (un viol)" alors que vous entendez des propos banalisant et justifiant ce que vous avez subi jusque dans votre auto-radio? Jusqu'aux pub des abri-bus (comme la mise en scène d'une tournante par Dolce et Gabana ou la femme battue jusqu'à l'évanouissement chez Club Internet)?
Violence symbolique certes, mais directement liées à la violence physique réelle. Une femme meurt tous les 2 jours en France et c'est malheureusement bien réel.
Si j'ai mis plus de 6 ans pour finalement porter plainte, c'est à cause de cette violence symbolique qui glorifie les criminels et culpabilise les victimes.
Quand on subit une telle horreur, on est complètement cassé-e, anéanti-e, on n'a plus les mêmes repères. C'est un univers qui s'écroule. On cherche à comprendre ce qu'il s'est passé et pourquoi. Pourquoi moi? Oui pourquoi? Je ne sors pas seule le soir, je ne me maquille pas, je ne porte pas de mini jupe, je ne suis pas une "collectionneuse" de mecs. Et pourtant! Les "toutes des salopes!" prennent du poids et du sens: on mérite toute d'y passer, moi comprise, englobée par ce "toutes". Slogan "magnifiquement" repris dans cette "chanson" jazzie "salopes! salopes! ce sont toutes des salopes!" et tout le monde d'y danser dessus en boîte sans que cela ne dérange qui que ce soit. C'est donc qu'on est bel et bien des salopes pour qu'on nous le répète ainsi à tout va.
Le cumul de ces propos, du visionnage forcé de pub humiliantes et violentes dans l'espace public, des commentaires et remarques insultantes d'inconnus dans la rue, l'écoute d'une chanson d'Eminem dans un magasin, les "blagues" sur les blondes crée une atmosphère malsaine et un véritable terreau pour les agresseurs potentiels. Tout va dans leur sens et tout nous met à une place de sex-toy, de poupée gonflable dont on peut user et abuser à volonté. Et en plus on est censée aimer ça!
Vous vous souvenez de la publicité pour la mousse au chocolat yoplaît? Une femme à terre, les jambes écartées, la bouche barbouillée de chocolat et le slogan:"vous avez beau dire non, on sait bien que vous dîtes oui" ou quelque chose de ce sens là. Moi je m'en souviens très bien. J'ai même failli y rester. Lui aussi m'avait dit que je ne pouvais pas dire non: je suis blonde, les blondes ça dit jamais "non" voyons! Il savait bien que je voulais dire "oui".
Il y en a plus qu'assez des propos sexistes. Il y a une telle tolérance que je ne suis même pas étonnée des chansons d'Orelsan. Pour moi c'est tout à fait logique. Personne ou si peu ne réagit au propos misogynes, il est normal que les machos y voient un encouragement à aller toujours plus loin puisque non seulement on ne leur dit rien mais qu'en plus on les encourage en traitant d'hystériques et castratrices les personnes qui essaient de mettre un frein à ces dérives.
Le cas Orelsan n'est pas un cas isolé. Malgré tout, la violence dans ses chansons atteint un tel paroxysme qu'il s'agit peut-être du mal nécessaire pour nous faire réagir. Cet individu vient d'être déprogrammé dans 3 villes et les associations de droits des femmes ne comptent pas en rester là.
Arrivera-t-on à avoir enfin une loi anti-sexisme pour condamner la haine des femmes au même titre que la haine raciale?
L'Espagne a voté une loi cadre contre la violence conjugale il y a déjà quelques années. C'est ce modèle que les feminsites françaises ont amélioré pour demander au gouvernement une loi cadre conte les violences faites aux femmes. Demande restée à ce jour sans réponse. Il serait temps que ça change.
jeudi 2 avril 2009
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