lundi 24 mai 2010

Et vous, vous feriez quoi?

Voici un article avec 2 vidéos extrêmement intéressantes sur Feministing. C'est en anglais mais pas la peine de connaître cette langue pour comprendre de quoi il s'agit.

En fait, 2 acteurs, 1 homme et une femme vont à une table de restaurant. La femme a de nombreuses traces de coups (maquillage qui a l'air plus vrai que nature) et arrive avant l'homme. L'homme vient à sa table et commence à lui crier dessus et et à la maltraiter.
Dans la 1ere vidéo, 2 couples se succèdent: un couple blanc et un couple noir/latino. La femme est habillée tout a fait simplement et surtout long.
Dans les 2 cas, des clients du restaurant sont venus prendre la défense de la femme battue.

Dans la 2eme vidéo, exactement les mêmes couples mais la femme porte une robe noire très décolletée et courte. Personne n'est venu personnellement aidé la femme même si une femme témoin de la scène a appelé le numéro d'urgence des violences conjugales depuis sa table. Enfin le temps qu'ils envoie la police ou un médecin, l'homme a le temps d'emmener la femme dehors et de l'embarquer dans sa voiture. Il sera tranquille, personne ne se risquera d'intervenir.

Bien sûr, on peut faire plusieurs remarques/critiques: seulement 2 couples et 4 expériences en tout. C'est peu pour établir une vérité scientifique mais c'est quand même curieux que les 2 fois où la victime a eu une aide immédiate et soutenue soit les 2 fois où on ne pouvait voir ni ses genoux ni deviner qu'elle a des seins.

8 commentaires:

Euterpe a dit…

Cela dit, tu dois savoir qu'à part en France (puisque tu a vécu au Danemark) "l'habit fait le moine". D'où l'habitude inconsciente de lire un message dans la tenue des autres. Un beau garcon chemise ouverte jusqu'au slip, short en lamé moulant sur son string visible par transparence, et qui par ailleurs aurait des hématomes dans le visage et qui se prendrait des baffes en public, pourrait laisser le voisinage direct perplexe : un masochiste ? Ne l'empêchons pas de prendre son plaisir, alors ! Ce pourrait être la pensée qu'il susciterait par sa tenue. Pareil pour la femme, du coup. Ce peut être percu comme assez dingue de se balader en décolleté/mini-jupe avec la gueule amochée...pour détourner l'attention...sur ses seins, ou quoi ? Ce test signifie surtout que les gens se méfient des dingues même victimes. Ils ont besoin de message clair. Et cela n'est pas forcément blâmable, je trouve.

Alice a dit…

Euterpe, j'avoue ne pas trop comprendre ton message ni où tu veux en venir. Ce sont des femmes "dingues" qui peuvent porter des jupes un peu moulantes et un peu courtes?????????
Vive la Journée de la Jupe alors parce qu'on en a encore plus besoin que ce que je croyais.
Et justement ce qui me manque le plus du Danemark c'est cette indifférence face à la tenue de chacun et chacune. Mais c'est vrai que c'est une attitude très scandinave de ne pas s'arrêter à l'apparence vestimentaire.

Euterpe a dit…

Je n'ai bien évidemment rien contre le fait de porter des jupes moulantes, Alice. C'est le contexte qui ne colle pas. Il est normal que des gens aient vraiment du mal à capter que quelqu'un ait le coeur de porter décolleté et jupe moulante AVEC le visage couvert de bleus et d'hématomes. Il n'y a rien d'extraordinaire à cela.
C'est autre chose que de s'arrêter à l'apparence vestimentaire. Tout le monde n'a pas tout le temps envie de porter des jupes courtes. On le fait plus ou moins quand on se sent bien dans sa peau et donc moyennement avec des croûtes de sang sur la figure. Or l'entourage sait cela aussi !
C'est la raison pour laquelle je me permets de trouver ce test discutable même si je trouve les gens par ailleurs éminemment passifs dans des cas de violence publique.
A part ca, je suis allée trois fois au Danemark et la liberté de s'habiller qu'on y trouve n'est pas différente de celle de Berlin où je vis déjà depuis de nombreuses années. Mais je ne trouve pas que la solidarité aux victimes est plus criante qu'en France. Je ne trouve pas que cela sert à quelque chose d'habiller la victime de différentes manières pour le prouver et de lui faire porter des vêtements que, du fait de son état, elle ne porterait pas, ne serait-ce que pour ne pas attirer l'attention sur les marques de violence qui logiquement lui font honte. La honte étant la réaction type de la victime (les victimes ont généralement honte à la place du "Täter" comme tu le sais si tu connais bien le problème).

Stéphanie a dit…

J'ai beaucoup aimé ce que Mary a dit à la fin : "Elle a dit que je ressemblait à une prostituée... et même si j'en une, est-ce que ça rendrait la situation plus acceptable ?" (à peu près) Outre les femmes en général, on a tendance à considérer les prostituées comme des sous-humains : pas grave si elles ont des IST, si on les tape, si elles n'ont aucun confort dans leur "travail", elles l'ont bien cherché...

Enfin, en tout cas, je ne sais pas ce que je ferais dans une telle situation. Ça m'est déjà arrivé, dans la rue, une nuit, un mec criait sur sa copine, ça n'avait pas l'air cool du tout, mais j'avais 14 ans et je n'ai pas eu le courage. J'espère avoir le courage de "step up".

Alice a dit…

Euterpe, je ne vois pas en quoi porter une jupe courte est un signe de bien être. Parfois oui mais parfois non, au contraire cela peut être le signe d'une grande détresse. Cela dépend des personnes. Par ailleurs on peut aussi se demander pourquoi dans la 1ere vidéo elle vient au restau avec ses bleus car si on suit cette logique elle devrait rester chez elle, même habillé sobrement car ses bleus sont sur son visage donc autant visibles qu'avec une mini-jupe. La mini jupe peut d'ailleurs être un moyen de détourner le regard des gens des bleus vers la jupe et tâcher ainsi de les rendre moins "visibles" que la jupe.
Et c'est vrai que c'est ce que la plupart des gens pense: elle est en jupe donc elle va pas si mal que ça ou alors elle l'a bien cherché, elle est dehors malgré tout donc ça va aussi. D'ailleurs c'est ce qui est décrit dans la 2eme vidéo: la violence n'est pas à sa place dans la rue, ça devrait rester privé. Toujours le "j'ai rien vu et rien entendu".
C'est sans doute une façon de se protéger pour les témoins. C'est toujours désagréable d'assister en direct à une scène de violence. Et si c'était soi-même à la place de la victime? Alors il faut trouver des raisons à l'agression du style "elle l'a bien cherché donc comme je ne le cherche pas ça ne m'arrivera pas à moi."
Quant à la culpabilité et la honte de la victime elle s'exprime de différentes manières. Prenons l'exemple de 2 femmes violées. L'une va se terrer chez elle, porter des baggy informes et super larges et se murer dans le silence tandis qu'une autre va enfiler une ultra-mini jupe et aller jusqu'à se prostituer. La quasi totalité des prostituées "libres" de l'être ont subi des viols. C'est donc un mal être qu'elles expriment.

Ce test n'a bien sûr rien de scientifique (je l'ai d'ailleurs mentionné) mais cela démontre tout de même que la société croit en des vérités universelles qui sont pourtant fausses et dangereuses. Il serait grand temps de chasser tous ces stéréotypes.

Stéphanie, cette violence contre les prostituées est d'autant plus ignoble quand on connaît l'importance du trafic humain et les raisons qui poussent la quasi totalité des protituées à entrer dans ce milieu. mais ça donne bonne conscience à la société, comme d'hab.
Pour l'agression que tu as vue, à 14 ans, ce n'était pas à toi d'agir directement. Si ça se trouve le gars t'en aurait foutu une.

Euterpe a dit…

OK,j'avais pas pensé aux prostituées. Mais dans l'ensemble ce que j'ai voulu dire c'est pas ce que je ferais moi car moi j'aborde déjà tout le temps les gens dans la rue pour tout et rien et ne laisse pas quelqu'un en détresse au bord du chemin. Mais je sais bien comment les gens réagissent!
Avant hier il y avait un type qui gueulait dans le métro d'une facon effroyable et mon copain a dit "Ou c'est un excellent acteur ou c'est un dingue". Parce qu'ici il y a vachement de dingues, surtout dans le métro, et certains foutent vraiment les jetons parce qu'ils sont imprévisibles. C'est pour cela que je pense que beaucoup de gens cherchent à se rassurer et interviennent quand ils pensent que leur intervention va avoir un effet positif pas s'ils pensent finir à l'hôpital avec un bras cassé. Et les stéréotypes, c'est beaucoup la télé qui nous les balance.
Des histoires avec des souteneurs hyper violents cachés dans les coins prêts à tirer sur les gens, etc...De toute facon moi je suis pour qu'on punisse les clients comme en Suède. Et ici, par exemple, les hommes violents sont interdits de séjour chez leur conjointe s'ils cognent. Ils doivent se chercher un autre appartement. Ils peuvent être aussi pris en charge par une clinique qui leur fait faire le ménage pour qu'ils fassent le sale boulot réservée d'habitude aux femmes, parce que souvent la violence vient de ce qu'ils ne partagent pas les tâches ménagères. La violence vient de la place de la femme dans la société. En RDA, le fait que les femmes étaient représentées dans toutes les professions et qu'aucune ne restait à la maison, les faisaient énormément respecté des hommes ! Il y a un lien direct de cause à effet.
Je suis d'accord pour que tout le monde se sente concerné mais cette vidéo a quand même une effet pervers : si les témoins d'une scène de ce genre soupconnent désormais qu'ils puissent s'agir d'acteurs qui les prennent au piège, ben je ne pense pas que cela va augmenter le nombre de gens susceptibles de venir en aide à leur prochain. C'est pourquoi je suis toujours et encore sceptique concernant ces vidéos, excuse-moi.

Euterpe a dit…

Je voulais quand même ajouter que j'adore ton blog et que j'ai été agréablement surprise d'avoir un commentaire de toi sur le mien parce que cela fait déjà plus d'un an que je t'avais mise dans mes favorites et que je consultais de temps en temps tes nouvelles entrées.

Alice a dit…

Euterpe, en effet, selon la situation je pense qu'il vaut même mieux ne pas intervenir. Le cas où on est tout seul contre un malabar ou plusieurs agresseurs. Ca ne sert à rien de se retrouver assomé-e ou pire. Par contre rien n'empêche d'appeler la police ou les urgences une fois qu'on s'est mis-e à l'abri.
Dans un restau bondé, oui il y a la peur aussi mais si tout le monde se postait contre un seul et unique agresseur il ne ferait pas le poids longtemps.
Mais ça, c'est pour l'urgence. L'éradication des violences passent par l'importance qu'on leur accorde. Tant qu'il faudra se battre pour faire inscrire une loi contre les violences dans un ordre du jour, on sera pas rendu-e-s :-(

Et puis merci pour le compliment!Et merci à toi pour ton nouveau blog!