Madame. Et c'est tout

Détail: Petit élément constitutif d'un ensemble, et qui peut être jugé comme secondaire (ref. Larousse).


Imaginez donc l'importance d'un détail que l'on qualifie volontiers de "sans importance"!


Ce détail sans importance c'est la différenciation entre l'appellation "Madame" et Mademoiselle" d'après mon banquier (et il n'est pas seul!).
Alors pourquoi a-t-il freiné des 4 fers pour me refuser l'appellation "Madame" puisqu'il s'agit d'un détail sans importance?
C'est bien la preuve que ce n'est pas un détail.


La CAF et le Pôle Emploi n'utilisent plus que l'appellation "Madame". Ce qui est logique puisque seule l'appellation "Monsieur" est valale pour un homme et "Madame" pour une femme.

Le problème, c'est que la tradition patriarcale a pris le pas sur la loi et qu'il faut en vouloir pour faire respecter son droit à être une "Madame".


Une "Mademoiselle" c'est quoi? C'est une femme non mariée. Elle est donc dispo et sous l'autorité du père, le chef de famille.
Elle deviendra "Madame" en épousant un homme qui, lui, a droit au titre plein et entier de "Monsieur" depuis sa naissance.


Ce que je me demande vraiment c'est comment on peut accepter qu'une femme change de statut civil uniquement en fonction de sa relation à un homme si on prône par ailleurs le respect de l'égalité?

Ca me tue à chaque fois d'entendre des femmes reprendre quelqu'un qui les interpelle par un "Madame" : "Ah non, c'est Mademoiselle!"
Preuve que l'éducation sexiste fait bien son oeuvre puisque les intéressées elles-même ne se rendent pas compte de la misogynie du terme. Car oui, c'est du sexisme. Changer d'appellation non pas par rapport à soi mais par rapport à un conjoint mâle (chez les lesbiennes, c'est qui qui fait l'homme? ne riez pas, il y a des gens qui pose la question pour de vrai) est une preuve de l'idée que les femmes dépendent d'un homme.

Supprimer le terme "Mlle" c'est supprimer l'idée qu'une femme devient adulte et fâââme grâce à une relation légalement enregistrée devant M. le Maire (et le M. le curé). C'est donc développer l'idée qu'elle tient debout toute seule. Et ça, ça bouscule l'ordre des choses parce qu'on ne s'attaque pas à la pointe de l'iceberg du machisme (femmes battues à mort, salaires inférieurs de 25%, etc) mais à sa base. Et en s'attaquant à la base, c'est tout l'iceberg qui s'écroule. Supprimer la pointe, bah pourquoi pas mais elle se nourrira toujours de sa base. Supprimer la base, on n'en a pas tellement envie. Ca remettrait beaucoup trop de choses en cause.


Heureusement certains pays l'ont bien compris. Ainsi, essayez d'appeler une danoise "Mademoiselle". Ce sera à vos risques et périls. Le Mlle danois existe mais n'est plus utilisé car il s'agit d'un terme qui, au mieux, ridiculise la personne appelée Mlle et au pire l'insulte.
En Allemagne le Fraulein n'a pas la cote. En Lituanie non plus.
Ici, en Espagne, le terme existe mais n'est jamais utilisé par les administrations et autres établissements comme les banques.


Enfin pas grave si certain-e-s ne veulent pas faire tomber les bases de ce sexisme qui tue. Moi je veux et comme je n'ai pas besoin d'un homme pour savoir ce que je veux/doit faire j'ai tenu bon, allant même jusqu'à une menace de plainte forte de tous ces arguments ainsi que des circulaires F.P. 900 du 22 septembre 1967 et 74-129 du 28 mars 1974.
C'est bizarre parce que subitement, le logiciel qui ne peut marquer que "Mle" nous a pondu un joli "Mme" en moins de temps qu'il ne faut pour le dire et je suis aujourd'hui détentrice d'une CB toute neuve au nom de Mme Alice. C'est d'ailleurs ma seule CB qui comporte cette précision. Mes cartes danoise et espagnole ne comportent que mes prénoms et noms. C'est bien plus simple.

Je ne suis de toute évidence pas la seule à qui ce genre d'aventure prend la tête. La preuve ce billet et l'excellent petit bouquin de Laurence Waki Madame ou Mademoiselle.
Et quand on accède enfin traditionnellement au titre de Mme, il faut se battre pour garder son nom! la preuve chez Olympe, chez Hélène et encore ici .

Alors oui, je suis heureuse de ne plus vivre dans un pays qui me vole mon identité juste parce que j'ai un vagin. et qui plus est en toute illégalité. C'est donc bien un problème de mentalité et ce sont justement les mentalités qui sont le plus difficile à changer.