mercredi 30 septembre 2009

Ne parlons pas de ce qui fâche!

Je pense qu'il est inutile de préciser que l'affaire Polanski me fait dresser les cheveux sur la tête. Tout d'abord parce que je considère en effet que quand on a des relations avec une gamine de 13 ans après l'avoir droguée, on doit répondre de ses actes. Celles et ceux qui le soutiennent (et els sont nomreux-ses) me répugnent. C'est nier les droits de la victime. Pire encore: c'est nier la victime. Alors bien sûr je ne connais pas le dossier mais il a bien déjà plaidé coupable et le viol ne semble faire aucun doute. Qu'il ait au moins les couilles d'assumer en se présentant au tribunal.

Mais ce qui me sort aussi littéralement des trous de nez c'est celles et ceux qui condamnent Polanski d'avance en invoquant le fameux "selon que vous soyez puissant ou misérable...".

Alors oui, c'est vrai qu'il vaut mieux être riche et connu. On s'en tire toujours mieux. Sauf que dans une affaire comme celle-ci je ne pense pas que ce soit le facteur majeur.
Il ne s'agit pas de drogue, pas de vol de voiture, pas de bagarres entre gangs. Non, il s'agit de crime sexuel. Doit-on une fois de plus rappeler les chiffres?
-50.000 viols recencés en France par an
-1 viol sur 5 seulement fait l'objet d'un dépôt de plainte
-1 plainte sur 5 aboutit aux Assises
-2 millions de français-es victimes d'inceste et de viols pédophiles répétés

Combien de viols , d'actes pédophiles sont condamnés? Très peu. Et encore qu'en est-il des condamnations?
Un viol "simple" si je puis dire c'est 14 ans de prison prévu au code pénal. En cas de viol sur mineur-e, avec séquestration, utilisation d'armes c'est de 20 ans à perpétuité.
Combien sont-ils ces bitards à avoir étaient condamnés selon ces peines prévues? Quand ils en prennent pour 8 ans c'est déjà formidable et avec les remises de peine c'est bâclé en quelques mois.
Ironie du calendrier: l'enlèvement et le meurtre de Mme Hodeau, agressée pendant son jogging matinal et dont le principal suspect vient de passer aux aveux. L'homme, inconnu au festival de Cannes et pas star pour un sou était pourtant bien connu des services de police puisqu'il avait été condamné en 2002 à 11 ans de réclusion pour enlèvement et viol sur mineure. 11 ans c'est 3 ans de moins que ce qui est prévu pour un viol "simple" et ces 11 ans ce sont tranformés en 5 ans pour remise de peine. Tout juste sorti et déjà une nouvelle victime.

Le problème c'est que les crimes sexistes ne sont pas reconnus. Les personnes violées sont violées car elles sont femmes. Pour les hommes violés c'est parce qu'ils ont un coté trop féminin ou pour les humilier en les traitant comme une femme. Les hommes violés sont frequemment traités de "salope", "pute", des mots à référence féminine par leur(s) violeur(s).
Ce sont des crimes à part car ils touchent une catégorie de personne du seul fait de leur appartenance à un sexe.
On reconnait fort heureusement les crimes racistes, anti-sémites et on commence à parler de plus en plus de crimes homophobes. Mais pour les femmes non. Ca rentre dans les crimes "normaux". Les crimes qui peuvent être commis indifferement contre un homme, une femme, un-e noir-e, juif ou juive, etc.

Concernant l'affaire Polanski, mettre en avant sa notoriété pour expliquer la protection dont il jouit c'est sous entendre que s'il était inconnu, il pourrirait en prison depuis des années et que les crimes sexuels sont reconnus et condamnés en masse. Or, ce n'est pas le cas.
Mais force est de constater que ces crimes sexistes dérangent, restent un tabou inviolable (sans jeu de mot) tandis que le clivage riches/pauvres est un sujet et surtout un combat plus convenable. On préfère donc polémiquer sur le convenable pour mieux nier le tabou.

Dans ce cas, le sujet ne tourne pas autour du fait que vous soyez puissant ou misérable mais que vous naissiez homme ou femme.

1 commentaire:

Alice a dit…

Oui Emelire, je comprends le coté "soutien des touts puissants" absolument dégueulasse. Ce que je voulais mettre en avant c'est que certain-e-s ont das l'idée que le violeur et a fortiori le pédophile lamda s'en prend pour pepète et est stigmatisé à vie. Ce qui est faux et qui occulte la réalité de la non considération de la gravité des abus sexuels.
Je vais aller voir ce site des guerilla. C'est clair qu'on est en pleine culture du viol et qu'on ne veut pas s'en rendre compte.