Oublier le cantal peut être fatal
Voilà le le merveilleux slogan qu'a trouvé la Région d'Auvergne, avec nos impôts, pour vendre son fromage. Et pour faire humour décalé et rimer avec cantal, c'est Chantal la blonde qui en fait les frais.
4 spots télé où dans le plus soft son fiancé le assène un NON tonitruant à l'église, refusant ainsi le mariage. Dans le plus hard, elle est carrément précipité en bas d'un précipisse.
Et oui, oulier le cantal est fatal à Chantal.
Dans mon HLM, quand j'avais 8 ans, c'est le pain qui a failli être fatal à une voisine. Un coup de feu parce que madame n'était pas passé chez la boulangère. Dommage qu'elle ne s'appelait pas Mme Martin: oublier le pain, c'est fatal Mme Martin!
Les publicitaires avancent l'humour décalé...
Cet "humour" voit pourtant mourir 1 femme tous les 2 jours et demi en France.
Heureusement certaines personnes ont réagit. Vous pouvez voir leur témoignages sur le site de La Meute.
Et voici une chronique de Philippe Breton parue dans La Marseillaise sur le sujet:
Le département du Cantal, ainsi que la région Auvergne, se sont associés à une campagne publicitaire pour le moins contestable. Il s’agit de promouvoir le fromage qui porte le nom du département. Disons-le tout net, ce fromage n’est pas en cause. Il est souvent excellent et ses producteurs font des efforts de qualité qui méritent toute l’attention. Les arguments pour promouvoir cet excellent produit ne manquent donc pas. On imagine bien des spots publicitaires nous mettant en appétit et nous décrivant le travail des artisans qui le bichonnent. Au lieu de cela, nous avons droit à quatre spots destinés à la télévision et à internet qui mettent en scène, le croirez-vous, des actes de violences conjugales. On y voit un mari jeter sa femme sur l’autoroute avec ses bagages, un autre la précipiter dans le vide alors qu’elle fait de l’escalade. Le scénario est le même, la femme « a oublié de prendre le cantal » donc son mari la violente. C’est immonde et surtout raté du point de vue du produit. En ces temps où la violence conjugale (des hommes envers les femmes, majoritairement) sévit et fait de nombreuses victimes, il est particulièrement de mauvais goût de construire sur ce thème des messages publicitaires. C’est une faute morale qui retombe négativement sur tout ceux qui s’y sont associés. On sait bien ce que les publicitaires diront pour leur défense. Les uns invoqueront le fait qu’ils font de l’ « art ». C’est comme cela qu’ils se défendent lorsque ces affaires vont devant les tribunaux. S’ils veulent faire de l’art, qu’ils cessent de faire de la publicité ! Les autres diront que leurs détracteurs « manquent d’humour » et qu’il faut regarder tout cela au « second degré ». L’argument est éculé et ne convaincra guère tous ceux qui sont victimes de coups, portés sans doute avec humour. Mais le problème ce n’est pas les publicitaires mais ceux qui acceptent leurs propositions. Et là il faut s’interroger sur l’emploi de l’argent public, c’est-à-dire les fonds du département et de la région, pour financer de tels messages. Le problème n’est plus moral mais politique. D’un côté l’Etat et ses partenaires locaux font des campagnes de prévention contre les violences conjugales, ils financent des centres d’aide et d’accueil pour femmes battues, payent des éducateurs et des assistantes sociales pour tenter d’endiguer le fléau de cette violence, et de l’autre, financent des campagnes qui vont dans le sens inverse. On se demande comment des élus locaux ne sont pas rendus compte qu’associer ainsi le fromage et la violence risquait d’être contre-productif. Ces publicités ne donnent pas envie. De plus, elles associent les financeurs au message lui-même. L’image du département et celle de la région risquent d’être contaminées par la violence du message qu’elles financent. Les publicitaires, qui connaissent bien les mécanismes du marketing et de l’influence, ne leur ont-ils pas dit ? C’est dommage et c’est sans doute trop tard. La parole restera, en dernière instance, aux électeurs. Après tout, nous sommes en démocratie. Ils jugeront, en conscience.
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1 commentaire:
C'est clair que ça fait plaisir de lire de telles chroniques.
Et tu me donnes envie d'aller acheter Charlie Hebdo que je ne lis jamais.
T'as bien fait de te défouler! D'autant plus que ça me défoule aussi en tant que lectrice :-)!
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