jeudi 7 juillet 2011

Toujours les mêmes coupables: les femmes

Personne n'a échappé aux rebondissements de l'affaire DSK.

Alors il semble utile de le rappeler: pourquoi éplucher le passé, le présent, la vie de la plaignante et ne pas éplucher de la même façon la vie de l'accusé?

Pour connaître un peu la situation, je ne serai pas étonnée que la présumée victime ait continué à nettoyer des chambres après son agression.
Je peux bien le comprendre puisque j'ai moi-même fait comme si de rien n'était avant d'oser porter plainte 6 ans après les faits.

Je précise qu'aujourd'hui je regrette d'avoir porté plainte. Cela n'a servi à rien à part me salir. Je n'ai d'ailleurs pas donné suite à mes nombreuses demandes de "où en est l'enquête". Quand on m'a dit qu'on allait m'accuser de diffamation. C'est vrai que 6 ans après j'ai tout intérêt à me venger de "ne pas vaoir pris mon pied" comme le diront certain-e-s. Je précise que j'ai été bien reçue par la police mais que, vivant à l'étranger, j'ai eu droit à " Vous allez vraiment revenir juste pour ça?" . "Ca" étant un parcours d'une douleur indescriptible de 6 ans de boulimie, de dépression, d'automutilation.
Tout est normal et pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Je ne pense pas qu'aujourd'hui l'on puisse affirmer que la femme de chambre ait menti. Ou non.
Et même si elle a menti, il me semble utile de citer ceci, rabâché par les féministes à l'initiative de manifestations "nous ne savons pas ce qui s'est passé dans la chambre du Sofitel."
Il n'était pas question de dire ce qu'il c'était passé ni de dire qui était coupable ou victime. Il s'agissait de dénoncer le traitement misogyne de l'affaire par les médias et les politiques français.

Bien sûr, il se peut que la présumée victime ait menti. Tout est possible dans ce bas monde même si je sais intimement qu'il faut être maso pour aller porter plainte pour viol. Même si on est une vraie victime, on en reste salie à jamais. Je comprends celles qui ne portent pas plainte et suis de tout coeur avec celles qui osent dénoncer.
Mais c'est vrai aussi que les maso existent.

J'ai peur maintenant que tout cela se retourne contre les victimes. Il ne faut donc pas lâcher prise. Et je suis déçue. J'avais ressenti un espoir très fort par cette affaire mais je craignais que toute cela ne retombe comme un soufflé.
J'avais mis tous mes espoirs dans le rassemblement Place Stravinski à Paris, rassemblement qui a eu un gros succés vu le nombre de participant-e-s et qui avait vu naître une collecte pour payer les frais d'avocat de la plaignante.

J'ai vite déchanté quand j'ai vu que Georges Tron reprenait du service politique. J'ai alors pensé que Georges Tron avait opéré en France sur des françaises. La femme de chambre du Sofitel vit aux US mais est Guinéenne. J'ai immédiatement fait le rapprochement avec le discours ambiant comme quoi "Aaahhh!!! les pauvres afghanes"! Comprendre celles qui ne sont pas sur notre sol. C'est tellement plus simple de regarder ce qu'il se passe ailleurs que ce qu'il se passe chez nous. Il est aussi beuacoup moins tabou et plus "dans le vent" de dénoncer le racisme et la pauvreté ou la classe sociale que le sexisme pur et simple.
En effet, je n'ai pas lu beaucoup de billets, articles ou commentaires générant un rassemblement comme celui pour la femme de chambre du Sofitel de New York dans mes lectures. A quelques rares exceptions près.
Idem pour le soutien à Tristanne Bannon.
Inutile de dire que je soutiens également Tristanne Banon et Nassifatou Diallo en tant que victime présumée.

J'ai du mal avec cette "hierarchie" du viol. Le viol est un crime. Où qu'il ait été commis. Et contre qui il ait été commis. Homme ou femme. Blanc-h-e, noir-e, jaun-e, basanné-e ou n'importe quelle autre couleur. Il est déclaré "torture" ou "crime de guerre" dans les conflits armés. Il doit l'être pour tous les cas.

A quand une prise de conscience internationale contre le viol?

Non au viol de femmes de chambres noires, jaunes, blanches, bronzées, aux ingénieures, aux professeures, aux femmes aux foyer, aux surdiplômées, aux sous-diplômées quel que soit leur âge, leur couleur, leur origine, leur nationalité.

Petite anecdote personnelle. Ayant contacté plusieurs organismes "féministes" en France, je me suis vu proposer une formation à Word. J'ai dit que depuis toutes mes années à l'université à travailler avec Word je n'en avais pas besoin. Ca en a étonné plus d'un-e.
Ben oui, en violée, je ne pouvais visiblement pas avoir un Bac + 5...
Je crois que ça en dit long sur la perception des violences sexuelles. Le "Ah mais t'es pas en Afgahnistan" a de beaux jours devant lui.

Je suis littéralement révoltée. Je lance un appel à toutes les féministes dignes de ce nom pour en finir avec le viol. Ou qu'il soit et contre qui il soit.

6 commentaires:

antisexisme a dit…

Je suis absolument d'accord avec toi ! Il ne faut pas que les féministes lâchent la bride parce que la plaignante serait pas crédible...

Elle s'est peut-être prostituée, elle a peut-être pris part à des trafics de drogue, elle a peut-être été confuse sur certains points. Et alors ? Qui qu'elle soit, si elle a été violée, cela mérite justice.

Et en effet, quand on parlait du passé de DSK, cela indignait les gens qui disaient "on n'abat un homme à terre" ou que c'était de la calomnie. Apparemment, la plaignante n'a pas droit à tant d'égards.

Patrizia a dit…

Le viol est-il le seul crime où c'est dans le passé de la victime qu'on fouille? Je trouve quand même ça plus que curieux, révoltant.
Mais je doute que cela change pour ma fille. Ma mère espérait l'égalité des sexes pour moi, j'en suis à me dire que ma fille non plus n'y aura pas droit! Consternant.
http://essaipat.wordpress.com/2011/07/06/changement-de-version-en-fonction-des-preuves/

Hypathie a dit…

Il est hors de question de relâcher la pression : déjà Tron est hors du gouvernement, le sénateur Mahéas vient de démissionner du PS après que celui-ci ait ouvert une enquête sur son exclusion, il faut maintenant qu'il s'en aille du sénat (que fait un homme convaincu de harcèlement trois fois par un tribunal dans la chambre haute des représentants du peuple ?), une enquête préliminaire est ouverte sur le dossier Banon. Et contrairement aux écoeurants sons de clairon des éditorialistes du début de semaine en France, DSK ne sera pas dans la course à la primaire socialiste, et il est toujours à New York. Nafissatou Diallo reçoit des soutiens, comme celui du patron de son syndicat. Comme Tristane Banon, Nafissatou Diallo est très courageuse, et il y a des preuves médico-légales qu'elle a été agressée. Les spécialistes écoutantes des victimes de viol disent haut et fort que ce qu'on entend et lit, c'est toujours la même chose : elles sont traînées dans la boue, gravement diffamées, doublement victimes. Il faut que cela cesse.

7nain a dit…

Je t'ai linkée chez moi car j'ai trouvé ton article vraiment bien fait... Je suis dépitée de cette histoire.

Stéphanie a dit…

Complètement d'accord !

Dégoûtée par l'affaire, j'ai même cessé de lire les journaux pour quelques semaines.

Alice a dit…

antisexisme, en effet on n'abat pas un homme à terre. Une femme c'est différent.
j'en suis encore au "y'a pas mort d'homme". A quand un "y'a pas mort d'humain-e"????
Merci pour ton soutien!

Emelire, merci!!!

Patrizia, je ne sais pas non plus combien de temps il faudra. J'ai de plus en plus l'impression de me battre contre des montagnes inébranlables. Et pourtant je sais qu'il ne faut pas lâcher. ne serait-ce que pour garder le peu que l'on a obtenu et qui nous serait ôté dès la moindre baisse de vigilance, comme ....l'IVG peut-être.

Hypathie, merci pour ton énergie. Oui, il faut que cela cesse. On est la moitié de l'Humanité, merde. On n'est pas un groupuscule. On a du pouvoir, de la force, il faut qu'on trouve le moyen d'en persuader toutes les femmes.

7nain, merci!!!

Stéphanie, moi non plus je ne lis plus la presse française. Je ne peux plus. C'est quand même dingue d'en arriver là.