Suite de mon compte-rendu du festival.
Un documentaire de Brahim Fritah. Il s'agit recueillement du témoigne d'une rescapée d'esclavage domestique.
La jeune femme, togolaise, a dû quitter son pays dans l'espoir de gagner assez d'argent pour faire survivre sa famille. Elle est partie avec une famille africaine (nous ne connaîtrons pas sa nationalité et perso je m'en fiche, qu'elle soit africaine, européenne ou asiatique ne change rien au problème). Arrivée en France, elle travaillera nuit et jour sans salaire, sans le droit de sortir non accompagnée et se nourrira des restes quand il y en a. La police est prévenue le jour où elle sera frappée par son patron. Il la frappe sous les yeux de sa propre fille.
Autre thème du festival: l'effacement physique des femmes. Il manque au moins 150 millions de femmes en Asie. Les avortements sélectifs surtout mais aussi les infanticides de filles et le manque de soin prodigués aux fillettes en sont la cause.
Les 2 pays incriminés sont l'Inde et la Chine. Le festival a proposé un reportage et un débat sur le cas de l'Inde uniquement autour du livre de Bénédicte Manier Quand les femmes auront disparues. Je n'ai pas encore eu le temps de le lire, je me ferai peut-être une autre idée qu'après le débat.
Ce qui m'a beaucoup gênée c'est que le manque de femmes soit traité comme un manque d'épouses. Les indiens trouvent de moins en moins de femmes puisqu'il y en a moins. Si c'est un problème démographique de taille, je le conçois, ça ne me plaît pas de réduire la femme à un statut d'épouse et de mère. Ce qui me gêne dans l'élimination des femmes c'est le fait que les gens ne veulent pas de filles, que ces gens sont prêts à éliminer leur propre enfant uniquement parce que cet enfant est du mauvais sexe. Ca ça me révolte! Que le gars ne trouve plus de bonniche à engrosser et exploiter limite je m'en fiche, limite j'en suis même heureuse. Parce que des esclaves domestiques on n'en trouve pas que dans les riches maisons de diplomates. On peut les trouver aussi sous le nom de femmes au foyer.
J'espère que je vais arriver à m'exprimer correctement et ne pas créer une polémique mais franchement, entre suprimer un foetus, donc un amas de cellule, qu'on ne souhaite pas et laisser se développer ce foetus qui deviendra une petite fille, donc un être humain mais pour l'échanger contre une chèvre, la vendre, la violer, la battre, la prostituer, la faire travailler comme une bête de somme et enfanter comme une lapine, et bien je trouve que c'est beaucoup moins hypocrite et moins cruel de suprimer un foetus.
Le problème ce n'est pas l'avortement sélectif, c'est la non reconnaissance des femmes et leur statut quasi mondial d'être inférieur.
Autre chose que j'ai reproché et qui a aussi été reproché pendant le débat: quasiment rien sur les mesures prises par l'Etat indien pour apporter des solutions. L'Etat fait en effet beaucoup pour la vie (et non la survie) des fillettes. Chaque naissance de fille donne droit à une prime de 3500 euros à condition que le fillette soit soignée et scolarisée. Et pour les filles nées après la mise en place de cette mesure, l'Etat accorde une sorte de subvention aux familles de filles non absentéistes à l'école. L'Etat veut des filles éduquées donc capables d'être autonomes. L'Etat n'en fait pas seulement des filles à marier. Je trouve que c'est assez formidable quand on pense qu'en France, il faut que ce soit Amnesty International qui interpelle notre gouvernement pour leur dire "Eh oh! Il y a une femme qui meurt sous les coups tous les 2 jours!"
Sans parler des très nombreuses ONG et associations sur le terrain, toutes très actives. J'ai adoré l'intervention d'une jeune femme qui a parlé de la résistance de la population indienne elle-même et de la résistance des ONG et asso face à ces crimes sexistes.
Tout comme une précision de l'auteure sur la violence et les viols en Inde. Une ministre indienne (je ne sais plus laquelle) a rendu obligatoire les cours de self-défense pour les petites filles à l'école. Et l'auteure d'ajouter "Vous imaginez ça en France???" Elle n'était pas là lors des courts-métrages d'ouverture qui nous rappelaient qu'un viol a lieu toute les 2 heures en France. Parce que sincèrement, j'imagine tout à fait ça en France.
Je ne supporte pas ces gens qui ne parlent qu'en "Ohlala qu'est-ce qu'elles se plaignent? On n'est pas en Afghanistan!" en Inde ici en l'occurrence.
J'ai maintenant hâte d'avoir un peu de temps pour lire son bouquin. Voir ce qu'il en est réellement.
Je sais bien qu'il y a des problèmes énormes en Inde, et pas que de sexisme. Mais de voir l'Etat réagir, de voir toutes les asso qui se démènent pour faire évoluer les mentalités, ça me remonte le moral. C'est d'ailleurs en Inde où j'ai vu pour la 1ere fois à la télé une pub pour de la lessive où c'est papa qui lave pour sa femme chérie et ses enfants. Ca ne fait pas tout bien sûr mais ça fait du bien malgré tout.
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3 commentaires:
"J'espère que je vais arriver à m'exprimer correctement et ne pas créer une polémique mais franchement" ... et ce qui suit eh bien tu vas "rire" mais je n'y avais pas pensé. Parce que, lorsque je m'imagine dans un tel pays, je m'imagine mettre fin à mes jours avant le mariage, etc. et ne jamais faire d'enfant (surtout pas !). Et du coup je n'avais jamais même réfléchi + loin que ça. Mais je suis d'accord avec toi.
Et si tu as le livre dont tu parles, je veux bien que tu me le prêtes à l'occasion car ça me ferait plaisir de le lire.
Tu sais, pour ce que tu dis des causes qui font bouger le gouvernement : y'a plus de femmes, démographie en berne, etc. ben c'est TOUJOURS comme ça !!! :o((( et même pour le viol comme arme de guerre et les condamnations des tribunaux pénaux internationaux, c'est parce qu'il y a nettoyage ethnique (donc que ça change un peuple, du fait que les femmes donnent naissance à des enfants conçus par l'ennemi) que les organisations ont vraiment bougé.
... c'est très moche tout ça ! :o(
Pas de problème pour le bouquin, je te le file dès qu'on se voit. je pense le lire assez vite.
génial ! merci ;o)
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