mardi 5 mai 2009

Hier soir à l'Odeon

Présentation de la saison 2009/2010. 1 femme metteuse en scène sur 12. C'est mieux que la saison passée: 15 spectacles écrits par des hommes et 15 spectacles mis en scène par des hommes.

Le groupe d'action féministe La Barbe était là.

L’Odéon ou la Scène de l’Universel Masculin

La Barbe, groupe veillant au bon ordre de la société et à ce que chacune reste à sa place, La Barbe donc, tient à féliciter haut et fort le Théâtre National de l’Odéon !

Car ce beau théâtre, fleuron de l’art dramatique français du 21e siècle, illustre à lui seul cette vérité vraie : l’art dramatique est viril ou n’est pas ! Songez : la saison dernière, les 15 spectacles proposés étaient écrits par 15 hommes, et mis en scène par… 15 hommes ! Quel ordre plus parfait ?

« La France n’est pas un pays comme un autre », affirmait Mr le Directeur dans un récent éditorial. « La France, c’est le rayonnement de l’Universalisme, et l’Universalisme, c’est la Culture ». Voilà une autre vérité vraie. Et qui, mieux que des hommes blancs et bien faits, peut exprimer dans l’art cette valeur ultime de l’Universel ?

Car le danger de féminisation des métiers de l’art vivant est bien réel. Songez : jusqu’à 15% de femmes auteures qui accèdent aux scènes des théâtres nationaux ! A côté de ces statistiques monstrueuses, le Théâtre de l’Odéon fait figure de modèle : sur 12 saisons et 131 spectacles de théâtre, le génie masculin y écrase la menace féministe par sa supériorité numérique avec 125 auteurs, pas moins.

« Nous croyons que la France à un rôle à tenir, et nous devons répondre en actes aux interrogations de la presse étrangère sur notre possible déclin culturel. » s’inquiète Monsieur le Directeur, et il a bien raison.

La Barbe se réjouit donc de ces 6,7% de femmes auteures, chiffre magnifiquement inférieur aux statistiques nationales. Bravo, Messieurs, tenez bon la barre et montrez l’exemple !
Nous jubilons plus encore à l’idée que ce beau théâtre n’a accueilli que 10,2% de metteurs en scène femmes sur 12 ans, un chiffre lui aussi inférieur au chiffre national de 22%. Bravo, il fallait le faire !

« Notre revendication n’est pas lobbyiste, elle est celle de l’intérêt général, elle est une mise en garde contre la perte de l’âme des institutions qui font notre pays ! » nous enseigne Mr Py.

Son Théâtre frise la perfection - en ces jours de délitement de l’ordre social : 8 saisons sur 12 sans AUCUNE metteuse en scène programmée !! Faudra-t-il que La Barbe lui remette une Barbe d’or ?

Peut-être l’année prochaine, si Monsieur le Directeur et son équipe parviennent par la constance de leur exemplarité, à calmer les ardeurs clientélistes des directeurs de théâtre, hommes à 92%, dans la résistance à la féminisation de l’art dramatique français.

Nous ne doutons pas qu’il y parvienne !
La Barbe.

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