Samedi 6 novembre à 14h00 Place d'Italie à Paris aura lieu une manifestation pour le droit à l'avortement.
Pourquoi une telle manifestation, en 2010 soit 25 ans après la loi légalisant l'IVG et alors que beaucoup pense qu'il s'agit d'un droit acquis, tellement bien acquis qu'il fait office de moyen de contraception?
Et bien tout simplement parce que concernant le droit des femmes et surtout le droit des femmes à disposer de leur corps et de leur utérus comme elles l'entendent, rien n'est jamais acquis.
Contrairement à ce que l'on pourrait croire, avorter n'est pas un plaisir. On ne se dit pas un jour "Tiens je m'emmerde, je sais pas quoi faire. Et si je me faisais engrosser pour avorter? Ca m'occupperait!" Je caricature à peine à entendre le discours de certain-e-s.
Avorter n'est pas un plaisir mais ce n'est pas un drame insumortable non plus. On rend l'IVG insurmontable en le diabolisant (et oui, la religion n'est jamais loin).
Il y a plusieurs raisons d'avorter: abandon du géniteur et impossibilité d'élever son enfant seule, problèmes financiers graves, non désir d'enfant, certitudes ne pas être fait pour être parent, maladies de la femme ou du compagnon, viol, etc. Aucune de ces raisons n'est bonne ni mauvaise. Il s'agit d'un CHOIX PERSONNEL. Et à celles et ceux qui disent que c'est différent si c'est un viol (plusieurs pays n'autorisent l'IVG qu'en cas de viol), leur discours m'insuporte. Je rappelle que SEULEMENT UN VIOL SUR 5 est signalé à la police, par peur, par honte, par envie d'oublier, d'aller se récurrer la peau et le corps le plus vite possible, par impossibilité physique de parler, de réagir, de bouger, etc. Comment on fait quand on se rend compte qu'on est enceinte et qu'on n'a pas signaler le crime???? On débarque au commissariat 2 mois après et on s'empresse de dire qu'on veut avorter???? Certaines victimes ne peuvent porter plainte que des années après, un peu trop tard pour une IVG si elles ne se sont pas suicidées avant. Et puis a-t-on à se justifier devant tout le monde sur un sujet aussi intime?
Il y a aussi les accidents de pilule, de préservatif. Etre enceinte sous pilule ET préservatif c'est rare, heureusement mais pas impossible. Notre corps n'est pas une machine élaborée sous un modèle standard. Certaines femmes sont plus fertiles aue d'autres, d'autres réagissent plus ou moins bien à la pilule, etc.
Bref, il y a autant de raisons d'avorter que de femmes qui avortent. L'avortement a toujours eu cours, qu'il soit légal ou non. La différence c'est qu'en le rendant légal on offre une sécurité aux femmes. Les avortements illégaux tuent des millions de femmes alors qu'il s'agit d'un acte médical anodin.
Et aujourd'hui, en France, en 2010, l'Etat ferme les centres IVG les uns après les autres. Certaines régions sont plus touchées que d'autres mais à terme, si rien n'est fait, toute la France sera concernée.
Il de plus en plus difficile d'avorter dans les délais légaux en région parisienne.
La loi autorisant l'avortement est toujours là mais elle n'est pas appliquée ou on la rend inapplicable par manque de structures d'accueil.
Il serait temps, aussi, de former le corps médical à recevoir les femmes qui avortent et à les considérer comme des êtres humains et non comme des salopes comme c'est trop souvent le cas.
Voici le communiqué de presse d'Osez le féminisme:
Non ma sœur, tu n’iras plus avorter !*
Depuis de nombreuses années, l’unique boussole du gouvernement en matière de politique hospitalière est la rentabilité financière des établissements. Une des conséquences de cette politique est la *fermeture de dizaines de centres d’interruption de grossesse* jugés « non rentables » partout en France : la logique économique l’emporte sur les droits des femmes.
Il est temps pour Madame Bachelot d’ouvrir les yeux. *L’accès à l’avortement ne cesse de reculer*, comme l’IGAS l’a constaté dans un rapport de février dernier*.* Dans les campagnes, dans les banlieues, dans les centres villes, les femmes rencontrent des obstacles toujours plus nombreux pour avorter. Dans les têtes, le droit à l’avortement est un acquis. Dans les faits, c’est souvent le parcours de la combattante.
Le droit à disposer de leur corps est la première condition de l’autonomie des femmes. Pourtant, c’est *encore un sujet tabou*, y compris chez les jeunes. Le gouvernement s’appuie sur ce tabou pour attaquer ce droit de manière insidieuse.
Le recul de l’accès à l’avortement, droit si chèrement gagné par le mouvement féministe, est inacceptable. C’est pourquoi *Osez le féminisme ! participera à la manifestation nationale lancée par l’ANCIC, la CADAC et le MFPF pour la défense du droit à l’avortement et contre le démantèlement de l’hôpital public le samedi 6 novembre à Paris*.
Le cortège partira de la Place d’Italie à 14h.
Un lien pour un témoignage édifiant à lire absolument et un billet de Sandrine sur le sujet.
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3 commentaires:
J'ajouterais à toutes ces raisons le manque de prévention à l'école. Je me souviens que mon prof' de bio au lycée nous répétait que l'ovulation a lieu le 14ème jour du cycle. Ce qui est vrai pour la majorité des femmes, mais que ce jour peut tomber n'importe quand, en fonction de la fatigue / un voyage / une émotion / une retrouvaille...
Emelire, je serai avec vous par la pensée, crois-moi!
Et bien d'accord pour les raisons. On n'a pas à se justifier, les raisons nous appartiennent d'autant plus qu'elles sont douloureuses.
nouch, tout à fait! Ce prblème de manque d'éducation sexuelle est d'ailleurs régulièrement pointé du doigt par les féministes. On ne nous apprend rien de notre corps mis à part un modèle standard. Or nous ne sommes pas des machines et la sexualité n'est pas non plus quelque chose de mécanique. C'est de l'ordre du plaisir et de la découverte de l'autre.
Ce qui m'assois souvent c'est de voir des femmes qui prennent la pilule depuis 10 ans et qui ne savent toujours pas qu'elles n'ont plus de règles et qui viennent parler de leur ovulation. Une telle ignorance sur un produit de synthèse qu'elles prennent quasi tous les jours et qui concerne leur vie intime me dépasse.
Il y a le manque d'informations, c'est sûr. Il y a aussi le fait que la pilule soit quasi automatique et qu'on cherche peu d'autres solutions. L'accès à la pilule n'est pas aisé dans les familles traditionalistes pour les jeunes filles.
Et puis il y a le prix... Toutes les pilules ne sont pas remboursées ! Je trouve cela scandaleux. La contraception est difficile d'accès pour certaines, elle est chère et pas toujours adaptée aux besoins... Mais en cas d'accident, c'est toujours les mêmes qui trinquent...
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